Résumé:
L’esthétique des images, science ou sentiment, c’est la problématique que nous vous proposons d’aborder, selon le triple point de vue du philosophe, du psychologue et du scientifique.
Le premier nous montrera comment les critères de beauté évoluent dans le temps et dans l’espace ; le deuxième nous dira que le sentiment de beauté touche à l’affectif, qu’il est propre à chacun de nous et qu’il nous est nécessaire. Le scientifique, s’il aime à définir et rationaliser, sait aussi que l’image captée par l’appareil photo n’est pas le strict reflet de la réalité et ne vaut que par le regard du photographe et de l’observateur.
Pour le scientifique spécialisé dans l’imagerie numérique, la notion de qualité esthétique se retrouve également de manière implicite dans plusieurs domaines de l'image numérique. En particulier un appareil photo numérique mesure des informations lumineuses très riches qui doivent être interprétées, modifiées afin de fournir une image. La question pour les fabricants est : quelle image fournir à partir des informations mesurées. Malheureusement leur réponse naïve, mais intuitive, est : « l'image la plus belle possible ». Dès lors, comme la notion de qualité esthétique utilisée ici est identique à celle des moteurs de recherche, la limite est la même: la non prise en compte de la diversité des esthétiques possibles.
Premièrement, on considère que cette limite pourra être dépassée par les experts et les artistes en modifiant les réglages de l'appareil photo. Malheureusement, les nouveaux capteurs des appareils photos mesurent « tout » et parfaitement sans aucune possibilité de réglage ; l'interprétation mathématique complexe réalisée pour calculer l’image est une boîte noire totalement automatique qui se veut optimale. La deuxième objection classique est celle des appareils photos « polaroids », qui étaient déjà en mode « tout automatique », et ont été largement utilisés par les créateurs. Ces appareils étaient faillibles, les résultats comportaient une part d’aléatoire. Ils laissaient la possibilité de choisir. En conclusion, avec des bonnes intentions, aux deux extrémités de la chaîne (création - distribution), les travaux en cours en image numérique tendent à imposer, sans la volonté de le faire, une esthétique unique, par conséquent ignorante de la diversité des esthétiques.
Il est temps de remédier à ces limites en proposant des approches adaptées à des styles et des esthétiques divers. C'est l’objectif de l’équipe FRVSense de l'IRISA.